À Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), un projet d’antennes téléphoniques est combattu par des riverains qui ont porté l’affaire devant le tribunal pour empêcher leur installation.
Par Philippe Roudeillat Publié le 9 Fév 21 à 19:32
Côté pile, les utilisateurs de smartphones se réjouissent de disposer d’outils toujours plus perfectionnés leur permettant d’envoyer ou de recevoir des flux de données toujours plus importants et rapidement.
Côté face, pour pouvoir apporter ces améliorations jusqu’aux consommateurs, les opérateurs déploient sur le territoire un nombre d’antennes-relais, elles aussi toujours plus nombreuses et puissantes qui sont sources d’interrogations et d’inquiétudes.
Des sentiments exacerbés auxquels se mêle bien souvent la colère chez ceux qui se trouvent en devenir les riverains.
C’est le cas, dans la commune nouvelle de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) où des Foulquesiens se mobilisent contre un projet d’installation de nouvelles antennes sur le toit d’un immeuble de bureaux situé au 2, rue George-Sand.
« Nous avons découvert le projet par hasard »
« Nous avons découvert une affiche par hasard près de chez nous qui parlait de ce projet dont nous n’avions jamais été informés, explique une riveraine. C’est en me rendant en mairie pour consulter le dossier que je me suis aperçue que cela portait sur l’installation de 6 antennes au total pour l’opérateur Orange dont 3 avec la technologie 5 G. Cela m’a extrêmement choquée que nous soyons mis devant le fait accompli comme ça. »
Passée la stupéfaction de cette découverte, plusieurs riverains ont décidé de se regrouper en collectif pour tenter de contrer le projet.
Non loin d’une crèche et d’une école
Celui-ci prévoit le déploiement de ces antennes à environ, à vole d’oiseau, 70 m de la crèche Libellule et 260 m de l’école maternelle et élémentaire Charles-Bouvard où sont accueillis près de 400 enfants.
Après avoir distribué des tracts pour tenter de sensibiliser le plus d’habitants, ils ont aussi décidé de s’attacher les services d’un avocat pour porter l’affaire devant les tribunaux
« Sachant que l’opérateur a obtenu l’autorisation du service urbanisme de Saint-Germain-en-Laye, nous avons décidé d’engager une procédure de recours en annulation au tribunal administratif de Versailles. »
Non-respect du Plan local d’urbanisme
Le Conseil d’État ayant posé que le principe de précaution ne pouvait être mis en œuvre en l’absence d’études scientifiques démontrant un risque sanitaire lié aux ondes électromagnétiques, les riverains ont décidé de porter l’affaire à travers le prisme du non-respect du Plan local d’urbanisme (PLU).
« Nous voulons préserver la santé de nos enfants »
« On ne peut pas laisser passer cela. De trop nombreuses questions restent posées sur l’impact sanitaire de ces antennes notamment celles de la 5 G. Nous voulons absolument préserver la santé de nos enfants et la nôtre. »
Des travaux en mars prochain
Aujourd’hui, les riverains sont toujours dans l’attente du résultat de leur démarche de contestation de l’autorisation d’installation des antennes.
Pour des raisons de délais, ils savent qu’ils ne pourront peut-être pas empêcher leur mise en place par le lancement de travaux qui pourrait intervenir au mois de mars.
Mais, ils espèrent bien que le tribunal leur donnera raison et qu’ils obtiendront leur retrait.
Plusieurs projets en cours sur la commune
Plusieurs autres implantations sont en projet sur le territoire de la commune nouvelle de Saint-Germain-en-Laye.
9 projets déposés
Des opérateurs souhaitent ainsi installer des antennes aux adresses suivantes : 10, rue Couperin, 56, rue de Paris, au niveau de la gare d’Achères/ RN 184, au camp des Loges, rue Sainte-Radegonde / RN 13, route Neuve, 11, rue Raymond-Greban et le long de la RN 13.
Les riverains peuvent prendre connaissances des dossiers d’information de ces projets d’implantation envoyés par les opérateurs à la mairie.
Consulter les dossiers
« Pour toute nouvelle installation ou modification d’une installation existante, l’opérateur a l’obligation de déposer en mairie un dossier information mairie (DIM) à l’attention des riverains, au moins un mois avant le dépôt en mairie de sa demande d’autorisation d’urbanisme », est-il indiqué sur le site Internet de la Ville.
Ces dossiers donnant des informations techniques sur les projets peuvent être consultés et téléchargés.
« Ils sont également consultables au centre administratif auprès de la direction de l’Espace public ».
La Ville déclare devoir s’en tenir au respect des règles d’urbanisme
Le dossier de ces antennes a été évoqué en conseil municipal par deux conseillers municipaux d’oppositions : Alexandre Grevet, du groupe Unis pour agir Saint-Germain-en-Laye/Fourqueux, et Keyne Richard, du groupe Saint-Germain écologique et solidaire.
Absence de concertation, risques, 5 G…
Tous deux souhaitaient interpeller la municipalité sur ce dossier en pointant entre autres, le manque d’information et de concertation, les risques sanitaires que leur installation pouvait laisser peser sur les populations exposées et notamment les plus jeunes ou encore l’absence de débat sur le déploiement la 5 G sur la commune.
Dans sa réponse aux inquiétudes émises par les deux élus, Marillys Macé, maire adjointe en charge de l’urbanisme, de l’aménagement et des bâtiments, a souhaité indiquer que la question du « déploiement des antennes relais dépendait principalement de la police spéciale de l’État qui est exercée par l’Agence nationale des fréquences (ANFR). C’est donc à cette autorité qu’il appartient de veiller au respect des valeurs limites d’expositions du public aux champs électromagnétiques. »
La maire adjointe a poursuivi en précisant que l’intervention de la commune dans ce type de dossier ne se faisait qu’au niveau de l’instruction de la demande d’autorisation d’urbanisme relative aux installations.
« La Ville ne peut invoquer des motifs de santé publique »
« Le dossier est instruit uniquement au regard des considérations d’urbanisme telles que la hauteur des installations, leur emprise au sol ou encore leur insertion dans le site. Dans ce cadre, la Ville ne peut pas invoquer des motifs de santé publique pour s’opposer à une demande d’autorisation préalable ou pour refuser un permis de construire. »
Un relevé avant et après installation pour Fourqueux
Concernant le cas précis des antennes de Fourqueux l’élue a ajouté que « l’autorisation de construire a dû être délivrée, le projet étant conforme aux règles du PLU de Fourqueux ».
Néanmoins, « pour répondre aux inquiétudes légitimes des riverains », la Ville envisagerait de demander à Orange d’effectuer un relevé des ondes avant et après l’installation pour « assurer que les valeurs maximales d’exposition du public sont bien respectées. »
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